Burkina : La hantise des questions foncières et immobilières

Burkina : La hantise des questions foncières et immobilières

La direction générale des impôts a, en principe, entamé ce lundi 3 avril 2023 (et jusqu’au 30 avril) sur toute l’étendue du territoire national, « une opération de contrôle et de retrait (s’il y a lieu) des terrains à usage autre que d’habitation ». Une croisade qui intervient à un moment où un projet de loi portant promotion immobilière au Burkina Faso est en route pour l’Assemblée législative de transition. La transition, considérée comme période propice pour franchir les immobilismes des temps ordinaires, réussira-t-elle enfin à mettre fin à la hantise des questions foncières et immobilières ?

Tout le monde se convainc de l’enjeu du foncier au Burkina. Et le pouvoir de la transition semble, effectivement, avoir pris toute la mesure de ce que « l’urgence est plus grande aujourd’hui dans la mesure où la terre est devenue une valeur de refuge, objet de spéculation et de sources potentielles de conflits latents ou ouverts…et que l’amélioration de la gouvernance foncière apparaît comme un levier important pour la stabilité sociale ».

Par ces propos, le directeur général des impôts résume bien l’enjeu du foncier. Seulement, certains citoyens, particulièrement attentifs au sujet, parmi lesquels des sources proches des services techniques chargés de conduire l’opération de contrôle et de retrait (s’il y a lieu) des terrains à usage autre que d’habitation, craignent que la principale motivation de cette opération ne soit uniquement pour renflouer les caisses de l’Etat plutôt que de « désenvoûter » le secteur.

Ils en veulent pour indices que dans ses explications (lors de la conférence de presse qu’il a animée à cet effet, le vendredi, 31 mars 2023), le directeur général des impôts a souligné que la première phase part du 1er au 30 avril 2023 avant de déclarer que pour la seconde phase qui devra concerner le retrait des parcelles, elle va se dérouler « ultérieurement ».

« Il y a de l’argent à prendre pour l’Etat dans le secteur, il suffit d’initier des opérations et le tour est joué. (…). Sinon, à la vérité, les pouvoirs ont toujours esquivé la question du foncier, parce qu’il y a de gros enjeux derrière. N’importe quel Burkinabè ne possède pas plusieurs parcelles à Ouagadougou, Bobo, etc. N’importe quel Burkinabè ne se taille pas des dizaines d’hectares en milieu rural. Allez-y comprendre donc », commente un cadre de l’administration des finances.

Des propos qui rappellent ceux de l’économiste-chercheur et directeur de l’Institut Free Afrik, Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo qui, pour décrire la complexité de la question, apprenait que « les plus grands propriétaires terriens du pays sont des autorités politiques et administratives… et que s’est installée au Burkina une criminalité foncière et immobilière de façon systématique, au vu et au su de tous » (forum national sur le foncier au Burkina de la Commission épiscopale justice et paix du Burkina, avril 2021 ).

C’est pourquoi, certains Burkinabè ne cachent pas leur espoir vis-à-vis des actions annoncées par la transition dans ce domaine également, aux fins de réparer les injustices, tandis que pour d’autres, « seule une méthode révolutionnaire », consistant pour l’Etat à se donner des mécanismes pour récupérer les terres pillées, peut, au regard du mal, constituer le remède.


Source: lefaso.net

2 Commentaire(s)

17-05-2023, à 16:44:43

17-05-2023, à 16:44:27

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